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Les inondations de l’Yser

A la mi-octobre, la situation de l’armée belge, qui tente de se maintenir sur le front de l’Yser, est critique. L’état-major va arrêter l’avance allemande en reprenant une tactique utilisée à plusieurs reprises dans la région : l’inondation de la plaine de l’Yser à partir  de la « Patte d’oie » à Nieuport.

Située dans l’arrière-port, au début du chenal de l’Yser, et baptisée ainsi du fait de sa forme particulière, la « Patte d’oie » est un complexe d’écluses et de vannes qui régule la gestion de l’eau dans le bassin de l’Yser. Six voies d’eau convergent à cet endroit : trois canaux surélevés et endigués - dont l’Yser canalisé – fermés par des écluses et trois vaartjes » (collecteurs non canalisés, situés au niveau des terres avoisinantes pour recevoir les eaux de ruissellement et drainer les terres basses des polders) commandés par des barrages et des vannes. La portion de terrain située entre deux canaux forme un wateringue dont le drainage est assuré par un collecteur.

Pour inonder la zone entre l’Yser et le talus de la ligne de chemin de fer Nieuport-Dixmude derrière lequel ils ont pris position, les Belges ont utilisé les écluses et les vannes de la « Patte d’oie » en inversant leur fonctionnement normal. L’histoire a retenu les noms de Karel Cogge, employé de la wateringue de Furnes, et d’Hendrik Geeraert, un batelier de Nieuport : grâce aux indications de l’un et la connaissance du système hydraulique de l’autre, les écluses et vannes sont ouvertes à la marée montantes pour laisser l’eau envahir les polders et fermées à la marée descendante pour empêcher son évacuation. Après une première tentative décevante dans la nuit du 26 au 27 octobre, la seconde, en ouvrant le déversoir du Noordvaart  du 29 au 30, permettra de faire pénétrer une énorme quantité d’eau dans l’arrière-pays, ce qui oblige les Allemands à se retirer sur la rive droite de l’Yser.

Début novembre 1914, la bataille de l’Yser est terminée et le front stabilisé jusqu’en septembre 1918 par une zone inondée s’étendant de Nieuport à Dixmude. Entre le talus du chemin de fer et la rive gauche de l’Yser, le terrain est devenu un immense marécage parsemé d’îlots sur lesquels les deux camps ont installés des postes avancés.
Le seul point de contact direct se situe à Dixmude où les lignes ne sont séparées que par l’Yser et où les Allemands parviennent à se maintenir sur la rive gauche du fleuve à hauteur du « Boyau de la mort ». Au sud de Dixmude, l’inondation s’étend jusqu’à Steenstraat.