L’incapacité du gouvernement provisoire à résoudre les problèmes économiques, sociaux et militaires va aggraver la situation : manque de denrées alimentaires jusque dans les campagnes, hausse vertigineuse des prix, malaise des populations urbaines, désordres de plus en plus graves dans l’armée du front à partir de juillet (échec de l’offensive Broussilov en Galicie) et vaste mouvement de désertion.
Les bolchéviques vont de plus en plus encadrer le prolétariat ouvrier. Ce mouvement d’encadrement est facilité par les répercussions de la crise économique et sociale persistante et par la « réaction patronale » consécutive à la révolution de février. Si bien qu’on assiste à une augmentation considérable des effectifs du parti bolchevik qui a désormais un rôle prépondérant.
Enfin, le « coup d’Etat » d’octobre (novembre dans notre calendrier) est minutieusement préparé par Lénine et Trotsky qui avait mis sur pied une milice populaire : « les gardes rouges ». Le coup d’Etat sera réalisé en deux jours sans effusion de sang, les 6 et 7 novembre 1917 : les points stratégiques de Pétrograde sont occupés et le gouvernement Kerensky totalement isolé.
En quelques jours, les bolchéviques bouleversent complètement les structures de la Russie. Le Congrès des soviets désigne un Conseil des commissaires du peuple présidé par Lénine, avec Léon Trotsky aux Affaires étrangères et Staline aux nationalités. Il vote aussitôt deux décrets rédigés par Lénine : celui sur la paix sans annexion ni indemnités et le décret de la terre remettant celle-ci aux soviets paysans.
Immédiatement, Lénine met en place les instruments de sa dictature. De fait, la presse bourgeoise est étouffée, la police politique (Tcheka) est créée le 7 décembre, toute grève est interdite le 20, etc. Les non-bolchéviques sont rapidement écartés des soviets et de l’appareil du pouvoir. Le 5 février 1918, il annule les dettes et les emprunts contractés par l'ancien gouvernement à l'étranger.
Après des discussions entre Lénine et Trotsky, la paix avec l’Allemagne est signée à Brest-Litowsk le 3 mars 1918 : la Russie perd 800.000 km2. Et, le 12 mars, le gouvernement est transféré à Moscou.
