L’arrestation d’Adolphe Max, le très libéral bourgmestre de Bruxelles, marque le triomphe de la force sur le droit.
Le 20 août, les troupes allemandes pénètrent dans Bruxelles. La démonstration de force est impressionnante. La veille, Adolphe Max avait ordonné le remblaiement des tranchées creusées dès les premiers jours de la guerre, avait fait retirer la garde civique et démolir les barricades. Le bourgmestre qui accueille les autorités allemandes -tout en refusant de leur serrer la main- s’engage même à assurer la sécurité des troupes stationnées dans la capitale. Immédiatement, des affiches sont placardées sur les murs de la ville sommant la population d’obéir aux autorités occupantes qui réquisitionnent ce dont elles ont besoin : nourriture, logement, etc. Si le bourgmestre adopte cette politique visant à éviter les heurts entre les troupes allemandes et la population civile, il se battra toujours, jusqu’à son arrestation, le 26 septembre 1914, pour limiter les exactions de l’armée occupante.
Adolphe Max luttera par exemple contre les réquisitions abusives de vivres : dès, le 24 août, il négocie une convention stipulant que les réquisitions se feront contre payement dans un délai de huit jours. Les Allemands ne respectant pas cette convention, il s’ensuit un véritable bras de fer entre le bourgmestre et l’occupant : les Allemands choisissant de suspendre le paiement des bons de réquisitions, le bourgmestre bruxellois décide à son tour de suspendre le versement des contributions de guerre (Bruxelles avait déjà payé 15,6 millions sur les 20 millions réclamés). C’est le prétexte que choisit l’occupant pour arrêter Adolphe Max, puis le déporter en Allemagne. Il restera dans les geôles allemandes jusqu’à la fin de la guerre. Le 17 novembre 1918, de retour à Bruxelles, ces concitoyens lui feront un accueil triomphal.