À l’inverse de l’engagement patriotique, une minorité de flamingants issus de milieux apolitiques, les activistes, choisissent de collaborer à la Flamenpolitik menée par l’occupant, pour obtenir ce que l’État belge avait jusqu’alors refusé : une université flamande à Gand en 1916, puis la séparation administrative du pays en 1917; alors que l’immense majorité du mouvement flamand et de l’opinion publique rejette tout rapprochement avec l’occupant et se cantonne dans une position loyaliste.
C’est d’ailleurs pour s’opposer à la Flamenpolitik et garantir la prospérité de la Wallonie que l’activisme wallon, phénomène totalement marginal, naît en novembre 1916. Ces fédéralistes wallons ne trouvent, en effet, aucun écho chez les francophones. Les activistes flamands, dont Auguste Borms est la figure de proue, sont certes plus nombreux et mieux appuyés par l’occupant, néanmoins ils savent eux aussi que l’opinion publique flamande ne les suit pas.
Le problème est important pour qui prétend représenter le « peuple flamand » et ses aspirations profondes. Ils vont donc, avec le soutien de l’occupant, intensifier leur propagande, tenter d’infiltrer l’enseignement et chercher à légitimer les conseils provinciaux par des élections (qui finalement se feront par acclamations !).
Mais, c’est avec l’échec de l’élection du Raad van Vlaanderen, le 3 février 1918, que les dérives anti-démocratiques et les tentations autoritaires triompheront. Cette élection, décidée par les Allemands pour légitimer le Raad aux yeux de l’opinion publique internationale et surtout allemande, affecte aussi l’ensemble des activistes. Ces derniers commenceront à rêver d’hommes forts et de régime autoritaire : ils mettent en place leur propre police, s’organisent en groupes armés et se préparent à une prise de pouvoir par la force.
Mais les derniers mois de la guerre, les activistes ne peuvent plus compter sur l’occupant, ils n’obtiennent aucune garantie quant à leur avenir et le Raad est hors-jeu. À l’armistice, beaucoup fuient en Allemagne, pendant que les populations s’en prennent à leurs maisons et brisent quelques carreaux.
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