La population, aux prises avec les difficultés quotidiennes, tente de garder une « distance patriotique » avec l’occupant. En suivant cette attitude, les civils ont la conviction de partager le sort des héroïques soldats de l’Yser et d’incarner l’unité nationale contre l’ennemi.
En effet, sur le front, les soldats belges combattent non seulement pour la Civilisation, mais aussi et surtout pour la libération de leur pays. Nombre d’entre eux s’inquiètent du sort de leurs familles restées en pays occupé. De leur côté, les civils alimentent le culte patriotique par le biais d’innombrables objets, breloques, cartes postales ou boîtes aux couleurs nationales, pour dire leur refus de l’occupant et leur soutien au combat mené par les soldats. Ainsi, en Belgique occupée, le 21 juillet 1915 est déclaré jour de « deuil des fêtes nationales » : partout les magasins ferment leurs portes et les volets des maisons sont baissés.
L’occupant ayant menacé de réprimer sévèrement toute expression nationale, les églises deviennent un haut lieu de la foi patriotique. Les messes où hymnes religieux et chants patriotiques s’entremêlent attirent des foules considérables. Cette résistance morale, inaugurée par le cardinal Mercier à la Noël 1914 dans sa lettre pastorale « Patriotisme et endurance », perdurera jusqu’à la fin de la guerre, sans que cette attitude ne provoque les désordres tant redoutés par l’occupant.
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